"Sur le papier, Rebelles fait, à tous les niveaux, figure d’OVNI. Socialement homogène et encore très timide en matière de cinéma de genre, le 7e Art hexagonal accueille rarement un récit qui mêle satire sociale, polar azimuté à la Snatch, rape and revenge et authentique comédie populaire. C’est donc avec curiosité qu’on découvre ce deuxième long-métrage d’Allan Mauduit, metteur en scène ayant fait ses armes entre autres du côté de Kaboul Kitchen.
Une expérience qui l’aura sans doute familiariser avec une multiplicité de tons et de niveaux de lecture qu’on retrouve dès les premières minutes de Rebelles. Nous voilà flanqués de Sandra, ex-reine de beauté amère et forcée de retourner vivre chez sa mère en Picardie, pour travailler dans une conserverie. Un pénis tranché et un sac de billets plus tard, Cécile de France nous embarque avec ses complices Yolande Moreau et Audrey Lamy dans un tourbillon cartoonesque performatif, qui ne cessera de s’emballer jusqu’à sa conclusion.
Et c’est là le grand mérite de Rebelles. Plutôt que de rentrer des considérations sociétales au forceps dans son récit, de proposer une vision verticale du quotidien de galère de ses protagonistes, la caméra se focalise sur ces trois corps d’actrices, qui jouent jusqu’à l’absurde le jeu de l’outrance et de la revanche sociale.
Souvent grossier, volontiers vulgaire, mais toujours généreux et épris d’amour pour ses trois parias clopes au bec, le film séduit par le plaisir communicatif de sale gosse qui émane de plusieurs scènes (notamment celles avec l’impeccable Béatrice Agenin, qui campe une mère pas piquée des vers)."
Simon Riaux