"Dans
la mythologie grecque, Hermaphrodite est l'enfant d'Hermès et
d'Aphrodite, il est doublement sexué et a hérité de ses parents leur
beauté. Après son union avec la nymphe Salmacis, Hermaphrodite et son
épouse ne forment plus qu'un seul être à la fois mâle et femelle.
Quand
on descend de l'Olympe pour atterrir dans un petit port de la côte
uruguayenne aujourd'hui, l'avenir semble moins divin. Elle s'appelle
Alex, elle a 15 ans, elle vit avec ses parents dans une maison au bord
de la mer. Son père est biologiste spécialisé dans les espèces marines
et notamment les tortues. Sa mère est femme au foyer. Ils reçoivent un
couple d'amis argentins venus avec leur jeune fils, Alvaro. Alex est
plus que jolie, Alvaro est mignon. Il devrait arriver ce qui arrive
l'été, dans les dunes, à la tombée de la nuit.
Sauf que chaque plan du
film glisse un caillou dans la chaussure d'un scénario fatal. Quelques
photos d'Alex petite, des poupées étrangement mutilées dans sa chambre,
des drôles de dessins d'elle-même, son armoire à pharmacie bourrée de
flacons de médicaments sans étiquette. Le pot aux roses n'en est pas
un, le sensationnel n'étant pas le genre de ce film ascète. Alex est
une jolie fille ; Alex, un beau garçon. «Il a les deux» , comme disent
les garçons du patelin qui n'épargnent pas à Alex l'éprouvante scène,
pire qu'un viol, où ils la forcent à baisser son short, «pour voir» .
Ce qui n'empêche pas Alvaro, loin s'en faut, de tomber amoureux d'Alex.
Bien des tourments vont s'ensuivre.
Ce récit impressionnant de
pudeur et de dignité, pose bien des questions à nos règles de vie et,
partant, à l'ordre moral. Ainsi de ce dialogue entre Alvaro et son père
«libéral» : «Alors comme ça, tu aimes Alex ? Ça me rassure, je croyais que tu étais pédé.»"
Gérard Lefort